La Rage - Chapitre 2
« Non rien. » Je répondis. « Rien ? » Elle ne me lâchait toujours pas la main alors qu’on venait de franchir la frontière entre le couloir et les toilettes réservées aux filles.
Mon cœur battait la chamade. J’étais seul avec une fille que je venais tout juste de connaître, enfermé dans des toilettes. Coincé pour ainsi dire.
Est-ce que c’est l’alcool qui m’avait rendu si faible ? Je n’avais pourtant rien à craindre : j’étais un homme et la femme n’a jamais été plus forte que l’homme à ce que je sache. Qu’est-ce qu’elle pouvait me faire ? Elle avait beau être une athlète, ça serait difficile de me faire quelque chose. D’ailleurs moi aussi j’étais un sacré sportif tout de même ! Il ne fallait pas me sous-estimer !
Seulement, être seul avec elle, moi un homme, elle une femme, était un problème, une tentation… surtout dans cette situation.
« Je devrais peut-être partir. Je ne vais pas te regarder… » Je laissai ma phrase en suspens, baissant accidentellement mes yeux.
« J’aimerais que tu me regardes… » Répondit-elle fermement en me retenant par le poignet.
Je la regardais déjà, je n’avais juste pas compris ou je faisais mine de ne pas comprendre ce qu’elle disait. Ce qui se passait était trop improbable.
Elle commença à tirer sur la fermeture placée à l’avant de sa robe bleu nuit. Je vis alors son soutien-gorge. Un joli soutien-gorge noir avec de la dentelle soutenant sa poitrine ferme. Je transpirais de nervosité à sa vue. L’envie, ne serait-ce seulement que d’effleurer ses seins, était là.
Il fallait qu’elle se rhabille maintenant. J’étais un homme et je ne pouvais la regarder sans avoir de pensées… C’est pourquoi j’étais troublé.
On pourrait croire qu’elle agissait ainsi sous l’effet de l’alcool. Mais elle semblait avoir conscience de ce qu’elle faisait. Comment cela pouvait-il être possible ? Les succubes existaient-elles donc ? Finalement je m’étais fait trop facilement de l’espoir ? Ou alors, il ne faut pas se fier à son air de fille sobre ?
J’avais l’impression d’être face à une pute, une fille qui essaye de me violer je ne sais comment. Mon esprit pensait n’importe quoi. Je devais arrêter de penser comme ça ! Peut-être que je cherchais moi-même des excuses face à mon imagination perverse.
Une fille comme elle, de mon âge, vivant une vie normale… qui m’avait l’air d’avoir l’innocence d’une enfant. Je ne comprenais toujours pas. Pourquoi faisait-elle ça ? Quelles étaient ses intérêts ? J’étais perdu devant mes contradictions, devant ce que je voulais croire et la réalité.
Je la regardai. J’essayais de me raisonner, de me rassurer. J’espérais. Elle allait forcément se reprendre, s’arrêter, n’est-ce pas ? On se connaissait à peine ! Non, elle continuait. Sa robe tomba à ses pieds comme un pétale tombe d’une fleur.
Elle me perdait… Elle me troublait. Alors je lui dis violemment, ne sachant de moins en moins comment agir en bon garçon : « Rhabille-toi tout de suite ! Tu es folle ! » Mais mes paroles étaient inutiles, aussi impuissantes qu’une feuille luttant contre la tempête.
Je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien de ce qui se passait. Je ne pouvais pas comprendre. Il n’y avait pas de raisonnements logiques qui tiennent. Juste la folie en réponse à ce qui se passait. À moins qu’elle ait eu un intérêt particulier derrière tout ça mais quoi ? Je n’en avais aucune idée.
Maintenant, seul un tissu en dentelle cachait le bas de son ventre que je ne pus m’empêcher de me représenter. Et je ne pouvais me mentir…
Elle était très belle. Son corps était magnifique. Son corps m’excitait totalement. Mes joues étaient d’une rougeur qui disait tout. Et en bas, je le sentais se durcir, se raidir. Il attendait à ce que je succombe à mes instincts de mâle. Il souhaitait enfin servir comme il l’a toujours attendu.
Je la fixais, terrifié. Je ne voulais absolument pas que ma première fois se passe dans ces conditions, sous des pulsions uniquement sexuelles.
Je la fixais comme si je pouvais l’obliger à se figer. Elle se rapprochait. Et c’était moi qui restais figé. Je devais absolument reprendre mes esprits et sortir de cette situation gênante. Cette situation où je devais résister à ne pas me jeter sur elle telle une bête en manque de femelle. Je devais résister à cette poussée de testostérone qui remontait, lorsque mes yeux voyaient malencontreusement les limites de sa culotte.
Elle me parlait gentiment, tendrement, comme si elle prononçait une sorte d’enchantement : « Tu serais donc de nature timide. Un vrai puceau dans l’âme ! N’aie pas peur. » Souffla-t-elle. « Je t’autorise. »
Elle plaça ma main sur sa poitrine avec assurance. J’avais chaud. Terriblement chaud. Mon visage devait être tellement rouge ! Des gouttes acides coulaient par les pores de ma peau grands ouverts.
J’essayais de ne pas perdre mes moyens. Je ne pouvais pas lui faire ce genre de choses sans amour. Si j’étais en tel manque, j’aurais appelé la prostituée du coin. J’avais peur de me retrouver face à une perverse. Je ne voulais pas en découvrir plus sur cette partie sombre d’elle. Je ne voulais voir que ce que j’avais trouvé bien en elle il y avait quelques minutes : sa beauté, ses exploits, son ambition sans limite.
Soudain, elle arrêta ses gestes. Elle changea de visage comme si elle avait changé de masque. Elle semblait regarder dans le vide, perdue dans un autre monde. Elle était droite, les bras le long de son corps, tête relevée. Elle avait perdu tout sourire. Elle semblait être une autre personne avec un visage différent, sans émotion, indéchiffrable.
« Tu ne me trouves pas belle ? Je ne te plais pas assez ? Je m’étais donc trompée sur toi ? » Elle m’interrogeait froidement, mécaniquement. Et je me noyais moi-même dans des interrogations la concernant. Me plaisait-elle ? Maintenant, je ne savais plus. Je la craignais juste. Mon cœur battait la chamade.
Je lui répondis tout de même : « Physiquement, tu me plais. Je te trouve belle. Mais… Tu vas trop vite ! Je n’arrive pas à te suivre ! ». Sur ces mots, je saisis la poignée des toilettes, tourna le verrou. Elle s’écarta et ne tenta rien pour m’en empêcher et je partis m’enfuir loin d’elle.
Quand je rejoignis la grande salle où tout le monde faisait la fête, je me sentis soulagé de n’avoir fait aucun mal, presque fier d’être un « bon » gars. Je rejoignis mes potes et remarquai que Baptiste manquait. « Il est où Baptiste ? » Personne ne sut vraiment me répondre. Je pus seulement savoir qu’il s’était apparemment trouvé une blonde avec qui il était monté à l’étage. Lui, il n’avait pas la même moralité que moi.
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COMMENTAIRES
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2 Commentaires
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Typhaine Rex
C’est très bien écrit. Je suis curieuse de lire la suite 😊
Darkhelde
Merci 🥰