La Rage - Chapitre 5
La nuit avait été pénible pour moi. Je la savais, là, derrière ce mur. Une présence déjà trop proche. Je repensais à son comportement lors de la soirée. Je n’arrivais pas à le comprendre, à l’analyser.
Trop de questions sans réponses : Est-ce qu’il faisait partie de sa personnalité ? S’était-elle déjà comportée ainsi avec d’autres gars ? Était-elle encore vierge ? J’admets que faire ma première fois avec une fille vierge m’était importante… Je ne savais pourquoi. Peut-être une peur d’inexpérience.
J’avais aussi cette envie de pouvoir découvrir ce plaisir ensemble de la même façon, en même temps, et de rester dans la mémoire de l’autre personne parce que j’aurais été le premier.
Si la nuit avait été pénible pour moi, c’est aussi parce que le tracas me retenait de ses mains cauchemardesques. Et si elle venait dans notre chambre ? Comment devrais-je réagir? Et puis est-ce que je l’aimais déjà ? Est-ce que je pouvais prendre ce risque de l’aimer ? Était-il déjà trop tard parce que je serais déjà devenu l’esclave de son charme ?
Je voulais la fuir comme je voulais être à ses côtés. La curiosité était aussi son complice car je mordais d’envie de pouvoir mieux la connaître encore, mieux discerner quelle personne elle était vraiment.
Je passai donc ma nuit ainsi à me malmener à penser à elle, comme ensorcelé. Elle était à la fois mon rêve et mon cauchemar. Je me remuai sans cesse sous mon drap et cela jusqu’au matin, juste à cause d’elle.
Finalement, mises à part mes pensées mouvementées, rien ne se passa d’autre, rien ne fut changé. Elle fut là, à table comme la veille. Et en face d’elle, le petit déjeuner déjà préparé nous attendait. Rien n’avait changé…. Et Baptiste non plus.
Il donna sa fameuse tapette sur mon épaule et, rigolant, il s’exclama: « Et bien, qu’est-ce qu’elle est bien ta femme ! Si t’en veux pas, je crois que je vais la prendre pour épouse. »
Je lui marmonnai tout bas un « Ce n’est pas ma femme. M’en fout que tu la prennes. » qu’il fut le seul à entendre, bien que j’eu un frisson quand le regard d’Émir passa sur moi à cet instant. Il me tapota amicalement sur l’épaule comme pour se faire pardonner une bêtise qu’il aurait dite et me consoler, je ne sais pourquoi.
Vers la fin du repas, Baba précisa le programme de la matinée à Émir, accompagnant ses mots de gestes énergiques : « Alors en fait, avec nos amis on a prévu un match de bibi à dix heures. Je ne sais pas si tu sais ce que c’est ? »
Émir hocha négativement la tête. Je rouspétai un peu : « Aussi si tu utilises le terme « bibi » qu’on utilise qu’entre nous et pas le terme académique rubyllard, elle risque pas de savoir… Tu connais le rubyllard Émir ? »
Elle ne connaissait pas, donc je me donnai la tâche de lui expliquer : « En fait, le siècle dernier, il existait un sport qu’on appelait billard. Le rubyllard ressemble tout simplement à du rugby joué avec les règles du billard. »
Voyant que l’explication ne semblait pas l’avoir avancé beaucoup dans sa compréhension, j’abandonnai : « Bon. On est pressé. De toute façon, je pense que tu ne joueras pas et que tu ne feras que regarder… »
On était en effet pressé car on ne souhaitait pas être en retard au match que l’on avait mis tant de temps à organiser correctement pour que tout le monde soit présent au jour J.
On prit chacun à notre tour notre douche. J’enfilai mes vêtements de sports. Il s’agissait de vêtements moulants, suivant la mode de notre époque, avec cependant comme originalité des plaques de protection incorporées qui protège le torse, les genoux et les coudes.
On possédait des chaussures toujours un peu compliquées à enfiler et qui était en fait comme des longues chaussettes montant jusqu’aux genoux, avec une matière plus solide mais souple qui protégeait le pied.
On avait bien besoin de ça, car le rubyllard n’étant pas un des sports les plus doux bien que quand j’y pensais… Ces protections n’étaient pas encore assez suffisantes pour totalement nous protéger.
À dix heures, on était tous réunis. Nous étions un total de neuf joueurs. Alban, l’organisateur, un grand et fort gaillard, s’énerva devant le nombre insuffisant de joueurs : « Non mais il faut toujours qu’il en manque un ! Il n’est pas possible pour qu’au moins une fois, on puisse être tous là merde ! » Louis, un corps fin mais non gringalet, de grande taille, essaya de le calmer en suggérant qu’il était tout simplement en retard.

Puis quand Alban remarqua Émir, son expression changea rapidement et il esquissa un sourire. Il la jugea du regard en quelques secondes : « Qui est cette fille ? » Tout le monde se tourna vers elle d’un même mouvement. Elle s’avança confiante : « J’accompagne Tommy et Baptiste. Un problème ? »
Je craignais Alban qui était plutôt le gars réfléchi mais impulsif. Il ne fallait surtout pas lui parler de la sorte car on ne savait jamais ce qu’il était capable de faire. On va dire qu’il frappe vite et qu’une mouche ne vole pas longtemps près de son oreille.
Soudainement, je vis les muscles de ses jambes se contracter puis se détendre. Il saisit de sa poigne de fer les bras d’Émir, la souleva légèrement au-dessus du sol et l’envoya mordre la poussière. Je faillis bien le frapper à ce moment.
Ce n’était pas acceptable d’être aussi violent avec une fille, surtout qu’elle aurait pu être facilement blessée par sa faute ! Qu’est-ce qu’il avait derrière la tête de la traiter ainsi ? Il n’avait donc pas supporté les paroles d’Émir ? Il est si impulsif !
Contre toute attente, Alban lui tendit la main : « Tu peux te relever ? » Ah… J’avais oublié de dire qu’il agissait de façon bizarre. De plus, quelle question inutile alors qu’il était évident qu’il l’avait jeté au sol avec tant de violence (même s’il ne s’agissait pas de toute sa puissance) qu’elle ne pourrait jamais se relever indemne.
Je fus alors surpris de voir la détermination que je lisais dans les yeux d’Émir. Elle ne le craignait pas. Sa détermination était telle que j’en tremblais. Je l’avais jugée un peu trop vite peut-être.
Elle se releva sans problème, écumant de colère. Elle sembla chercher à se calmer et répondit froidement : « Je suis bien plus forte que tu ne le crois… » Alban se frotta alors les mains, rempli de satisfaction : « Bien. Nous avons donc une remplaçante. »
Puis il rajouta en rigolant : « On va bien voir ce que tu vaux à jouer avec des gars, garçon manqué ! » Il ajouta en indiquant du doigt les vestiaires : « Va te changer. Tu trouveras bien des vêtements plus indiqués que ce que tu portes ! »
Son regard intense semblait analyser ses dires comme si elle cherchait à savoir si on se fichait d’elle. Puis ce fut à moi, son observateur, d’être surpris par celui-ci. Que me voulait-elle ? Elle ouvrit sa si belle bouche qui avait attiré la mienne lors de la soirée.
Je retombai dans une rêvasserie qui fut vite interrompue par le son mélodieux de sa voix : « Est-ce que Tommy pourrait m’accompagner ? Je ne pense pas que ce soit si simple de trouver des vêtements sans connaitre les lieux. J’imagine qu’ils ne traînent pas dans les couloirs. »
J’eus un frisson. Je m’imaginai déjà dans la même situation que celle de la dernière fois. Cette fois-ci j’espérais presque que Alban lui dise « Débrouille-toi » mais ce fut un « Si tu veux. » qui sortit de sa bouche.
Émir fit quelques pas en avant puis m’attendit. Je vis bien que je n’avais pas d’autres choix que de la suivre. Baptiste me fit alors son fameux coup sur l’épaule qui me surprend toujours et s’exclama : « Allez vas-y, ne traîne pas trop ! On vous attend ! »
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COMMENTAIRES
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2 Commentaires
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Typhaine Rex
J’aime bien le caractère d’Émir 😁
Darkhelde
Il est pas commun haha x)